Jamel Debbouze « L’identité nationale ? Un débat inutile et dangereux »

jamel_debbouze interview jdd
Jamel Debbouze: « On perd notre temps à parler d’identité nationale ». « Depuis ma naissance, je dois constamment me justifier d’être Français ».

BlogBang

Dans le prochain film de Rachid Bouchareb, Hors-la-loi (sortie en septembre 2010), il incarne Saïd, un truand de Pigalle fan de boxe. Depuis Tunis, où il terminait le tournage de cette saga familiale sur fond de polar, Jamel Debbouze revient sur son rôle, le débat sur l’identité nationale et sa carrière.

Dans Hors-la-loi, la dimension politique semble en retrait comparé à Indigènes ?

Elle est moins frontale, là on est dans le cinoche, avec une lumière incroyable, des scènes d’action vraiment spectaculaires. Rachid s’est lâché, il a découvert le DVD il y a pas très longtemps, ça lui est monté à la tête et il se prend pour James Cameron. Plus sérieusement, il ça marche bien, on est dans les années 1950, les décors sont splendides, et on en profite pour raconter un pan de l’histoire de la France. On essaye de styliser notre histoire commune. Après Indigènes, c’est la continuité de l’histoire des Arabes en France. Un sujet toujours important à aborder quand je vois comment on perd notre temps à parler d’identité nationale.

Que vous inspire ce débat ?

Absolument rien. Depuis ma naissance, je dois constamment me justifier d’être Français. Donc cette question, j’en ai fait le tour depuis longtemps. On a grandi ici, on a baigné dans la culture française, on aime cette langue, bref on est tout simplement pleinement et entièrement Français. C’est schizophrénique pour moi d’avoir l’impression d’être étranger dans mon propre pays. Pour ma part, je ne perdrais pas une seconde à me justifier d’être français. Mais je comprends parfaitement la logique politicienne du débat à l’approche des régionales. La droite resserre l’étau pour draguer un certain électorat. A l’heure où les gens crèvent la dalle, je trouve ce débat inutile et dangereux.

Tu serais prêt à débattre avec Besson ?

J’attends le prochain. Le prochain ministre. Cette question a déjà été mise sur le tapis par ses prédécesseurs. Elle le sera par ses successeurs, probablement.

Indigènes fut un projet compliqué à financer. Son succès a facilité celui de Hors-la-loi ?

Ce fut un peu plus simple, j’ai moins mis la main à la poche, mais c’est toujours aussi compliqué à monter. Quand ils nous voient arriver, Rachid, Sami, Roshdy et Jamel, ils ont l’impression de voir arriver « Al Qaida cinéma ».

Parlez-nous de votre personnage, Saïd…

Il est né à Sétif en Algérie et il se retrouve dans un bidonville à Nanterre avec sa mère un hiver de… je ne sais plus quelle année. C’est un loustic qui ne compte pas rester toute sa vie cireur de chaussures. Donc, il va faire carrière dans la voyoucratie. Ses deux frères, membres de la branche armée du FLN vont l’aider à prendre Pigalle aux Corses pour financer l’effort de guerre révolutionnaire. Mais à la différence de ses deux frères, mon personnage se fout royalement de la révolution. Il veut profiter de la vie et assouvir sa passion pour la boxe.

Sa principale quête d’amour, c’est sa mère qui rejette son voyou de fiston. Comme Al Pacino dans Scarface. C’est le point commun de tous les voyous, cet espèce de désamour de la mère, qui les rend profondément tristes et complexes. Donc elle n’est pas très marrante sa vie.

Il s’agit de votre premier rôle de gangster…

Les gangsters me fascinent depuis toujours. J’ai passé beaucoup de temps dans des arrières de boutique de Barbès avec des truands de cette époque. Il me fallait inventer un gangster arabe. Au cinoche, on a vu les Irlandais, les Juifs, les Italiens, mais jamais de vrais truands arabes. Et puis j’ai été aidé par une coach qui m’a vraiment permis d’avoir la bonne distance avec mon personnage pour garder la même musique, tout en faisant évoluer mon personnage.

Vous avez l’impression d’être reconnu comme comédien dramatique ?

J’ai un sale réflexe maintenant, j’arrête d’attendre d’être accepté, comme pour l’identité nationale.

Envie d’une comédie ?

J’ai une envie viscérale de me marrer et de faire marrer. J’aimerais tourner dans le prochain film d’Alain Chabat, Marsupilami. C’est en bonne voie, en super voie. Ça sera un retour aux choses sérieuses. source



Warning: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable in /home/clients/3a5751bcf34aa28bb6ad4a3fa63b578e/web/buzzraider/wp-includes/class-wp-comment-query.php on line 405
  • WordPress
  • Facebook

Laisser un commentaire