L’immense cinéaste Eric Rohmer est mort…

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Le grand Eric Rohmer est mort. Il s’est éteint ce matin à Paris à l’âge de 89 ans. Il était l’aîné et l’une des principales figures de proue de La Nouvelle Vague, cette génération de cinéastes français qui, à partir des années 1950, a littéralement révolutionné la façon de faire des films et de raconter des histoires en sons et en images au point d’inspirer tous les plus grands réalisateurs contemporains.

Né Jean-Marie Maurice Schérer à Tule, en Corrèze, il exerça tout d’abord en tant que professeur de lettres et écrivit quelques romans sous le pseudonyme de Gilbert Cordier. Ce style et cette formation littéraire se ressentiront d’ailleurs grandement tout au long de son oeuvre cinématographique, notamment à travers des dialogues très écrits.

Par la suite, il utilisera sa brillante plume dans différents magazines, et, en passionné de septième art, fondera La Gazette du Cinéma tout en dirigeant le Ciné-Club du Quartier Latin où il rencontrera des journalistes qui deviendront par la suite de célèbres metteurs en scène comme Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Chabrol ou Jacques Rivette.

Ce talentueux groupe d’amis cinéphiles se réunira par la suite au sein des Cahiers du Cinéma, un magazine devenu culte dans lequel chaque mois ils critiquent, analysent et disséquent l’actualité cinématographique en mettant en avant la notion de cinéma d’auteur, avec notamment une passion sans borne pour Alfred Hitchcock, autour duquel Rohmer cosignera d’ailleurs un livre avec Chabrol en 1957, date à laquelle Eric Rohmer devient rédacteur en chef des Cahiers.

Il le restera jusqu’en 1963, mais, dès 1950, il réalise des courts métrages comme Journal d’un scélérat, Les petites filles modèles ou Bérénice.

L’énergie du groupe et leur passion vont les pousser à se lancer rapidement dans le grand bain et Rohmer réalisera son premier long métrage en 1959. Le signe du lion suit le personnage de Pierre Wesserlin (incarné par Jess Hahn), un musicien hollandais qui mène une joyeuse vie de bohème à Paris et dépense sans compter en attente d’un héritage.

Il accumule ainsi des dettes… jusqu’à ce qu’il apprenne qu’il n’est en fait pas héritier. Ses créanciers lui coupent alors les vivres et ceux qui se prétendaient ses amis le quittent. En plein été, sous un soleil brûlant, il se retrouve seul et démuni dans la capitale désertée et ne cherche plus qu’à survivre car il refuse de travailler. Devenu clochard, il touche le fond, mais son signe astral le protège.

Un premier film très novateur et déjà abouti qui annoncera en filigranes toutes les thématiques chers à son auteur : l’amour, le hasard, le destin.

Trois ans plus tard, il crée avec Barbet Schroeder la société de production Les films du Losange avec laquelle il produira quasiment tous ses longs métrages.

Ainsi, dès 1962, il se lance dans une entreprise ambitieuse sous forme de cinq films et intitulée Les cinq contes moraux : La carrière de Suzanne (1963), La collectionneuse (1967), Ma nuit chez Maud (1969) avec Jean-Louis Trintignant, Le genou de Claire (1970 et Prix Louis-Delluc), et L’amour l’après-midi (1972).

Durant les années suivantes, Eric Rohmer adapte des oeuvres littéraires. En 1976, il tourne La marquise d’O… et en 1978, Perceval le Gallois, qui reçoit le Prix Méliès et pour lequel il dirige Fabrice Luchini, André Dussollier et Marie Rivière.

Les années 1980 marquent la réalisation de son second grand cycle : Les Comédies et Proverbes. Ainsi, il réalise La femme de l’aviateur en 1981 (réflexion autour de On ne saurait penser à tout d’Alfred de Musset), Le beau mariage en 1982 (réflexion autour de Quel esprit ne bat la campagne qui ne fait château en Espagne de Jean de La Fontaine), Pauline à la plage en 1982 (réflexion autour de Qui trop parole, il se mesfait de Chrétien de Troyes) ;

Les nuits de la pleine lune en 1984 (réflexion autour de Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison, un proverbe de la région Champagne), Le rayon vert en 1986 (réflexion autour de Chanson de la plus haute tour d’Arthur Rimbaud) qui obtient le Lion d’Or à la Mostra de Venise, et L’ami de mon amie en 1987 (réflexion autour du priverbe Les amis de mes amis sont mes amis).

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En 1987, le cinéaste français expérimente toujours et tourne 4 aventures de Reinette et Mirabelle, un long métrage constitué de quatre sketches – L’heure bleue ; Le garçon de café ; Le mendiant, la kleptomane et l’arnaqueuse ; et La vente du tableau.

Les années 1990 marque un nouveau cycle chez le cinéaste : Les Contes des Quatre Saisons, dans lesquels Eric Rohmer poursuit son étude des sentiments amoureux et de l’influence du hasard.

Ainsi, en 1990, il réalise Conte de Printemps où il dirige notamment Florence Darel. En 1992, Conte d’Hiver, avec notamment Marie Rivière. En 1996, le cinéaste réalise Conte d’Eté et met en scène Melvil Poupaud et Amanda Langlet. Enfin, en 1998, il clôt son cycle avec Conte d’Automne, pour lequel il dirige à nouveau Marie Rivière et Béatrice Romand.

Durant cette période, il mettra également en scène des films « isolés » comme L’arbre, le maire et la médiathèque en 1993 ou Les rendez-vous de Paris en 1995.

Les années 2000 le voient s’attaquer à des drames historiques et il enchaînera L’Anglaise et le Duc en 2001, pour lequel il met en scène Jean-Claude Dreyfus et Lucy Russell ; Triple Agent en 2004 ; et ce qui sera son dernier film – Les amours d’Astrée et de Céladon, en 2007, avec Andy Gillet, Stéphanie Crayencour, Cécile Cassel et Jocelyn Quivrin.

Très discret sur sa vie privée, Eric Rohmer a eu un fils – René Monzat, né Denis Schérer en 1958 – avec Jeanne Monzat. René est journaliste et a notamment travaillé aux Cahiers Bernard Lazare et à la Revue M. Il est l’un des fondateur du mouvement politique Ras l’Front qui milite contre l’extrême droite. source : Reuters

Un grand cinéaste nous quitte aujourd’hui…

R.I.P. l’artiste !


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